vendredi 9 septembre 2011

Chapitre 04. Sérénité.


Je vais quitter ma femme, mais elle ne le sait pas encore. C’est moi qui ai insisté pour qu’on se marie et c’est moi qui veux la rupture. Le mariage me semblait le meilleur rempart contre une vie instable : je n’ai jamais vraiment aspiré à une vie bien rangée, mais j’ai eu trop peur de l’inconfort pour prolonger une adolescence attardée. J’avais plusieurs copines en même temps, je m’amusais à me construire des emplois du temps me permettant de les rencontrer toutes. Je ne changeais pas toujours les draps entre deux. Au fond, tout cela me fatiguait énormément et me renvoyait à une incapacité à m’engager, à aller jusqu’au bout. De façon générale, dans la vie, j’avais tendance à aimer les débuts et à vite m’ennuyer. Et aussi à ne pas m’impliquer totalement, à laisser une partie de moi en dehors du coup.
Un peu cyniquement, pour m’obliger au moins une fois à sauter sans filet, je décidai de me marier rapidement. De toutes mes copines je cherchais laquelle me correspondrait le plus. Mais je les avais choisies précisément pour certaines facettes d’elles-mêmes. Chacune était une figure de la femme parfaite : l’humour, le sexe, l’intelligence, la sensualité, les manières… Donc en réalité aucune ne me convenait à elle seule.
Clara, bien sûr, ne cochait pas toutes les cases. Mais finalement, elle m’apportait une certaine sérénité. Pas de passion, pas d’excès, pas vraiment de surprise. Je me dis qu’elle me ferait vivre une existence conforme à cette nouvelle étape de la vie.
Voilà pourquoi dès notre rencontre j’ai pensé à l’épouser.

En fin de compte, peut-être aurais-je dû privilégier l’élan amoureux à la raison pour me décider. Pencher pour une femme plus imprévisible, pour vivre moins confortablement sans doute, mais plus intensément. Ou bien je suis passé à une nouvelle phase. A d’autres attentes.

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